Sur les bords de l'Anglin

          Pour atteindre le site magdalénien du Roc-aux-sorciers, mieux vaudrait partir de Douce au petit matin. Le hameau est endormi mais l’on trouve difficilement une place pour se garer. Un chemin empierré descend vers l’Anglin, aucun balisage, il faut aller au juger, prendre une sente sur la gauche au milieu d’une végétation très dense.

         On se rapproche vite de la rivière, les premiers affleurements de calcaire font leur apparition à main gauche, bien sûr il n’y a personne. La lumière monte à peine et l’on se sent pareil à un explorateur solitaire. La falaise qui grandit est encombrée de lianes, de lierres. Des arbres poussent droits dans les anfractuosités. Le monde est sauvage.

         Vingt minutes de marche sur ce sentier étroit et l’on aperçoit la grande falaise calcaire, blanche avec des veines ocre. Au-dessus du chemin un grillage et au-delà le toit du bâtiment, tout en longueur, en pierre, construit par les compagnons pour protéger la frise. Je longe le grillage et les barbelés qui entourent le site, une cahute noire protège sans doute le chantier de fouille au niveau de la Cave Taillebourg, une porte métallique fermée.

         J’avais naïvement espéré trouver quelqu’un sur le site et pourquoi pas, la chance aidant… Mais non, personne, pas un bruit, parfois un animal qui fuit mon approche, un insecte sur le sol. Je suis heureux d’être venu, de compléter par cette balade ma visite du centre d’interprétation où j’ai pu admirer la reproduction de la frise et le spectacle à la fois poétique et didactique qui parie sur l’intelligence du visiteur et l’amène de la rivière à l’espace. Ici, vivait Magdalénien il y a 14 000 ans, ici sans doute encore de nombreuses découvertes à venir, le site est vaste et tout autour de la frise, la paroi reste inexplorée.

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